Agenda de la Nouvelle-Aquitaine à Paris

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Charline Picon, Sur la vague du succès

Charline Picon portrait coeur Nouvelle-AquitaineCinq fois championne d’Europe, médaille d’or aux JO de Rio en 2016, médaille d’argent à Tokyo en 2021, championne d’Europe à Vilamoura (Portugal) en 2021. Qui dit mieux ? La véliplanchiste Charline Picon n’entend pas se reposer sur ses lauriers, elle se prépare avec enthousiasme et une incroyable détermination aux JO 2024 à Paris.

Sa montée sur les podiums a commencé en 2009 à Weymouth (Grande-Bretagne) aux championnats du monde en RS :X, elle avait 25 ans et pas mal d’heures d’entrainements au compteur. Au départ, il n’y avait pourtant aucun « voileux » dans sa famille, le seul sport que pratiquait son père Philippe, ouvrier forestier, était le rugby, et son jeune frère Yoann a bifurqué vers le surf.

Elle est née à Royan, a grandi à La Tremblade, à l’extrémité de la presqu’île d’Arvert, un des principaux centres ostréicoles du bassin de Marennes-Oléron qui est également réputé pour être un spot apprécié des surfeurs. 

Charline est en CM2 lorsqu’elle découvre que l’océan ne sert pas uniquement à faire trempette. « J’ai fait une semaine de stage d’Optimist, j’ai été tout de suite conquise, mais quand j’ai voulu m’inscrire dans un club, on m’a dit que les cours étaient complets et qu’il valait mieux que je m’oriente vers la planche. »

Dure école où l’apprentissage se fait sans voile, où, quelle que soit la saison et la température de l’eau, il faut se relever quand on tombe et grimper de nouveau sur la planche. D’où son caractère bien trempé ! Gamine, elle ignorait que cette distraction pourrait l’amener vers le sport de haut niveau.

« Je n’avais jamais eu le rêve de devenir championne olympique ! » affirme-t-elle en riant. Son rêve est désormais de réussir ses challenges toujours plus haut.

Elle a tiré les leçons de son échec aux JO de Londres en 2012. Elle a retrouvé son fidèle entraîneur Cédric Leroy qu’elle connait depuis ses années sports-études à La Rochelle. Ensemble ils préparent ses futures victoires. Et unissent leurs efforts pour trouver le mât qui réunit souplesse et rigidité pour battre des records de vitesse. 

La planche à voile n’est pas un sport de plaisance

Elle nécessite de l’endurance, de la volonté, de l’audace et une condition physique et mentale à toute épreuve. Charline a appris à affronter les éléments parfois déchaînés ou les vents compliqués. Ce n’est pas par hasard qu’elle s’est si souvent retrouvée sur la première marche du podium, il lui a fallu un mental d’acier. Licenciée du club nautique de La Tremblade en 1995, elle a intégré l’Equipe de France en 2006. Première sélection suppléante en RS:X aux JO de Pékin en 2008, médaille de bronze en 2009 aux Championnats du monde de Weymouth (GB), le reste de son parcours est marqué d’or, d’argent ou de bronze selon les années.

Une pause en 2017 pour donner naissance à sa petite Lou et Charline est remontée sur sa planche pour remporter deux médailles d’or en 2020 puis en 2021 aux Championnats d’Europe au Portugal.

« J’aime voyager, découvrir d’autres pays, d’autres modes de vie, d’autres gens. J’ai besoin de la nature pour me ressourcer. »

Charline Picon portrait coeur Nouvelle-Aquitaine

La compétition qui lui permet de s’évader est faite pour elle. « Pour être un sportif de haut niveau, il faut être aidé par une structure. J’ai la chance de faire partie de l’armée des champions depuis 2013, en contrat avec la Marine nationale, cela m’assure un salaire, une sécurité sociale, un soutien sans faille ! Au fil des années on monte en grade et je suis aujourd’hui second maître. Une fois par an, on a un stage d’acculturation militaire avec tous les athlètes de la défense, et parfois on doit des journées de représentation pour parler des valeurs communes qu’il y a entre nos projets et l’armée. J’ai même eu l’honneur de défiler sur les Champs Elysées pour le 14 juillet ».

Charline a aussi obtenu à Poitiers un diplôme de kinésithérapie. « En six ans au lieu de trois car je devais partager mon temps entre Poitiers et La Rochelle. J’avais une vie vraiment très différente de celle des autres étudiants ! »

Son compagnon est lui aussi kinésithérapeute et en 2020 ils ont monté ensemble une structure de kinésithérapie et récupération pour le sport avec de la cryothérapie, bains chauds/froids… Charline a déjà pensé à l’après-carrière et continue de se former pour le rejoindre une fois la compétition terminée dans quelques années. « Mano adore le sport et me suit à 200 % dans mon projet, il navigue avec moi pour le plaisir mais son sport c’est le tennis, quant à notre fille Lou, elle s’est mise au karaté ! »

Aux JO de Paris l’an prochain, la petite reine des embruns marins abandonnera la planche pour le 49er FX, un dériveur monotype qu’elle pilotera en binôme avec la Rochelaise Sarah Styaert.

« C’est exactement le même parcours mais avec une embarcation différente » précise-t-elle. Les épreuves se dérouleront à Marseille, une ville qu’elle connaît bien et où elle aurait pu s’installer si elle n’était autant attachée à sa région natale.

« J’ai besoin de me ressourcer. Ma famille réside à Arvert, je vais les voir aussi souvent que possible. J’aime aller me promener le long de la Côte sauvage où l’on croise une magnifique diversité de milieux naturels. Il y a les sublimes couleurs de l’Atlantique, rien n’est semblable à l’océan… et à ces odeurs d’iode qui se mélangent à celles des pins ».

De plus, la championne bénéficie à La Rochelle de structures qui l’aident pour son entraînement. « Comme tous les sports de haut niveau, les sports de glisse demandent une forme à toute épreuve. Sommeil, alimentation, musculation, c’est un vrai boulot. Auquel s’ajoute ma vie de maman ! » 

Le centre nautique de La Tremblade porte désormais son nom, Charline Picon a été élue marin de l’année 2016 par la Fédération française de voile. Une double reconnaissance des siens qui vaut elle aussi de l’or.

Lire son portrait - Recueilli par Régine Magné