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Guillaume Bouzard, Faire rire et réfléchir

De Lucky Luke au Canard Enchaîné, Guillaume Bouzard a su imposer son coup de crayon et son trait d’humour. Entre ses BD et ses croquis de presse le Deux-Sévrien s’est fait un nom sans renoncer à son style de vie. Il bosse chez lui dans sa maison en bordure de la forêt domaniale de Chizé, avec les jonquilles printanières qui ont éclos sous ses fenêtres et les gazouillis des oiseaux en fond sonore.

« Je suis heureux de vivre dans un environnement qui me convient, avec ma famille, mes amis, et aucun patron sur le dos ! » se réjouit-il.

Les dessinateurs restent des grands enfants. Guillaume Bouzard n’échappe pas à la règle et c’est d’ailleurs dans son enfance qu’on peut trouver sa vocation. « Mon père était un amateur de BD et lecteur assidu du Canard, il m’avait abonné à Spirou, je devais avoir sept ans, et je me souviens que ça avait été une révélation. Je me suis mis à dessiner comme un fou ! ». Et il ne s’est jamais arrêté. Retour vers les souvenirs d’enfance lorsque Dargaud lui a proposé de succéder à Matthieu Bonhomme pour concevoir un Lucky Luke à sa manière. Ainsi est né « Jolly Jumper ne répond plus » qui parodie tous les codes de la série. A dix-huit ans il publiait à compte d’auteur son premier fanzine « Caca bémol ». De nombreux albums suivront ainsi que de multiples collaborations à des journaux et magazines. Libération, Spirou, Fluide Glacial, Le Monde, So Foot, L’Express… En 2012, au soir de l’élection présidentielle, il créé son blog JeveuxtravaillerpourleCanardEnchaîné.« C’était une bouteille lancée à la mer. René Pétillon l’a trouvée et comme il aimait mon travail, il m’a parrainé ! ».

Il vaut mieux éviter de le déranger le lundi jour où il livre ses dessins au Canard. « Je me boucle devant ma table à dessin car il faut impérativement que je trouve des idées ! ». L’actualité est si riche qu’il ne risque pas la panne d’inspiration devant la page blanche. Le dessin de presse est un exercice qui le stimule. « L’humour est une arme redoutable et j’adore ça. Il faut savoir être méchant et corrosif avec modération » dit-il. Il aime mettre le doigt là où ça fait un peu mal, mais d’une façon marrante. On comprend qu’il poursuive en parallèle son activité d’auteur de BD. Pour faire rire et réfléchir.

Ultime reconnaissance de son talent, il présidait en 2018 le grand jury du Festival international de la bande dessinée d’Angoulême où il avait reçu le prix Schlingo cinq ans plus tôt.

Le petit garçon qui dévorait Spirou enfermé dans les toilettes est devenu un grand Monsieur qui refuse de se prendre au sérieux. Il suffit de lire sa fiche Wikipédia amendée par ses soins. « Guillaume Bouzard naît en 1968 à Paris et décide de faire de la bande dessinée car il aime bien les Tuniques Bleues (…) il est devenu le prince de la BD underground tant son talent est immense (…) sympa, jovial, jamais le dernier pour la déconne, Bouzard est capable d’avaler trois assiettes de couscous royal sans perdre sa bonne humeur légendaire (…) c’est un bon gars doublé d’un chic type (…) il a fait une tripotée d’albums chez des éditeurs aussi divers que Les Requins Marteaux, Six Pieds Sous Terre, Fluide Glacial ou Dargaud car c’est un bourreau de travail quand il s’y met. »

Il exagère peut-être pour le couscous, pas pour le reste ! Pour compléter cette bio somme toute sommaire, précisons que s’il est né à Paris, il avait deux mois lorsqu’il a débarqué à Saint-Maixent-l’Ecole et ne s’est éloigné de la Nouvelle-Aquitaine que le temps de faire les Beaux-Arts à Toulouse. « J’ai passé toute ma jeunesse dans le coin, y compris pour mon service militaire à Angoulême. Je me suis installé à Chizé après le décès de mon père. Je n’ai pas voulu laisser ma mère seule. Et j’avais envie de fonder une famille. » Deux enfants plus tard qui ont aujourd’hui 20 et 23 ans, il n’en a toujours pas bougé.

« Avec Internet, la radio, la télé, le téléphone et la presse, il faudrait vraiment le vouloir pour être coupé du monde. Ici, j’ai accès à tout, et luxe suprême, il suffit que je traverse la rue pour aller ramasser des cèpes en automne. »

Forêt Domaniale de Chizé © Conseil départemental 79 / P Wall  -  Traversée par le GR36, le GR de Pays de la sylve d'Argenson, la forêt de Chizé accueille de nombreux visiteurs, randonneurs, cyclistes, écoliers, et scientifiques. La forêt, identifiée comme zone Natura 2000, abrite 31 espèces de mammifères, 6 espèces de reptiles, 8 espèces d'amphibiens, 78 espèces d'oiseaux et plus de 530 espèces de papillons ! + d'info 

Guillaume Bouzard ne va à Paris que s’il y est obligé pour des raisons professionnelles. Il préfère partir au petit matin pour arpenter les vide-greniers de la région et y dénicher des vieux objets, des BD ou des disques. « Je suis un chineur invétéré ! » s’amuse-t-il.

En bon épicurien, il cultive aussi son jardin mais surtout entretient sa bonne humeur. Sa potion magique pour donner du plaisir aux autres !

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Recueilli par Régine Magné