Agenda de la Nouvelle-Aquitaine à Paris

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Interview Les enfants d'Aliénor

 
Ces deux intarissables conteurs, l’un de personnages et faits historiques, l’autre de grands musiciens et de leurs oeuvres, étaient destinés à se rencontrer. « J’écoutais Franck quand il était à Europe 1, on m’avait dit que c’était un garçon épatant, on ne m’avait pas menti ! » Franck a rejoint Radio Classique (1) où Christian officiait depuis dix saisons et leur passage d’antenne réjouit les auditeurs avec leurs anecdotes et clins d’oeil souvent liés à la Nouvelle Aquitaine.


Le Poitevin Franck Ferrand et le Girondin Christian Morin symbolisent les deux métropoles de cette grande région. « A première vue, Poitiers et Bordeaux n’ont ni histoire, ni culture, ni tradition, ni même climat en commun, et pourtant ces deux villes ont un lien naturel et très fort avec Aliénor, duchesse d’Aquitaine, comtesse de Poitiers, et tour à tour reine de France et d’Angleterre ! »

Vous évoquez une ville ou un site et l’historien Franck Ferrand vous raconte illico tous les faits qui ont marqué leur passé. « Le premier mariage d’Aliénor avec le futur Louis VII s’était déroulé dans la cathédrale Saint-André et les festivités avaient duré plusieurs jours au Palais de l’Ombrière à Bordeaux. L’époux avait ensuite été couronné duc d’Aquitaine en la cathédrale Saint-Pierre de Poitiers. Et Aliénor y avait épousé en secondes noces Henri de Plantagenet… »

« C’est une institutrice qui m’a donné le virus » se souvient-il. Il a passé son enfance rue de la Tranchée où ses parents artisans bouchers avaient leur boutique. A cette même époque, dans sa rue Alexis Millardet, Christian Morin avait déjà deux passions insufflées par son père imprimeur, la clarinette, Claude Luter l’a désigné comme son digne héritier, et le dessin. Diplômé de l’école des Beaux- Arts, il voit ses premiers croquis humoristiques publiés dans Sud- Ouest Dimanche, dans la page où l’avaient précédé Sempé et Chaval, deux autres illustres Bordelais. Christian s’installe ensuite à Paris où il travaille comme graphiste pour différentes agences de publicité tout en voyant ses dessins publiés dans divers magazines. Pierre Delanoë, alors directeur des programmes d’Europe 1, remarque ce jeune homme enthousiaste à la voix chaude et mélodieuse et l’engage. Bon investissement sur celui qui deviendra vite un des animateurs phares de la station. Il y aura également RMC, FR3, Antenne 2, TSR (Télévision suisse romande), TF1, La Cinq, jusqu’à ce qu’il se pose sur Radio Classique, sans renoncer à dessiner (2) jouer de la clarinette ou poursuivre une estimable carrière de comédien au cinéma, au théâtre et à la télévision.

Une vingtaine d’années séparent les deux complices d’antenne. Alors que Christian était un des présentateurs préférés des téléspectateurs, Franck poursuivait un cursus scolaire et universitaire exemplaire. Institut d’études politiques à Paris, Ecole des hautes études en sciences sociales…Les diplômes ont remplacé les 7 d’Or et l’écriture de romans et d’ouvrages historiques lui a apporté la notoriété qui l’a mené à son tour à la télévision (il est de nouveau sur la route du Tour de France pour France 2) et à la radio.
 
 
Les vies de Franck Ferrand et de Christian Morin pourraient être un roman. Le premier a d’ailleurs évoqué son enfance dans un livre  d’entretiens avec Catherine Lalanne (3) le second a raconté son parcours personnel et professionnel dans son autobiographie « Si ton père avait pu voir ça » (4). Les années s’effacent lorsqu’ils se retrouvent tous les deux hors antenne et découvrent que leurs racines ont beaucoup d’ancrages familiers.
 

Aussi bavards l’un que l’autre pour parler de leurs liens avec la Nouvelle Aquitaine. « C’est un seul bloc de Poitiers à Hendaye. Un magnifique bloc. Et comme disait Chaban-Delmas, on y cultive l’art du mieux vivre ! » s’enflamme Christian. Le voilà qui promet à Franck de l’emmener déjeuner à L’Estacade. « On s’assoit devant un verre de blanc et six huîtres et on a la plus belle vue sur Bordeaux ». Franck lui répond en riant : « Je suis un amoureux du XVIIIe siècle, il n’y a pas un seul rideau de façades aussi éblouissantes. J’ai dit plusieurs fois à la radio que Bordeaux était de ce point de vue la plus jolie ville d’Europe ! » Christian ajoute sa note de fierté : « La place des Quinconces est la plus grande place d’Europe. !» Les échanges amusés et comparatifs sur leurs villes natales se poursuivent. Christian dont la soeur vit à Poitiers, « la ville aux cent clochers », Franck qui allait enfant chez sa grand-tante à Bordeaux…Puis ils se retrouvent en Saintonge, « La Boutonne, cette rivière si aimable de la Charente » dit l’un, « Mon oncle lisait son bréviaire en marchant sur ses rives à Saint-Jean d’Angely » précise l’autre.

Franck Ferrand est depuis dix ans le parrain de La Bataille de Castillon où il n’hésite pas à défiler en costume, son hologramme accueille les visiteurs de la Cité mondiale du vin, il a rédigé l’album commémorant le 150e anniversaire des grands crus de Bordeaux « Ah quel plaisir d’avoir fait à cette occasion la connaissance de Jean-Michel Cazes un personnage hors normes ». Christian renchérit et évoque Sergio Mendes rencontré dans son château Lynch Bages lors d’une Fête de la Fleur. Il y a toujours la musique, l’histoire et l’amitié sur leurs parcours !

Aucun doute, ils étaient faits pour s’apprécier. Et démontrer que la Nouvelle Aquitaine puise sa légitimité dans les liens qu’y avait noués la belle Aliénor.

(1) Du lundi au vendredi 9h/9h30 « Franck Ferrand raconte », suivi de « Tous
classiques », 9h30/ midi, avec Christian Morin
(2) « Notes légères », son recueil de dessins et anecdotes, préfacé par
Renaud Capuçon sera publié le 1er octobre 2020. First Editions.
(3) Mon enfance, quelle histoire ! ED Bayard. L’atelier de l’enfance.
(4) Archipel Ed
 
 
Propos recueillis par Régine Magné - Artistes, écrivains, chefs cuisiniers... Ces personnalités sont nées en Nouvelle-Aquitaine ou ont choisi d'y vivre. Retrouvez chaque mois un #CoeurNouvelleAquitaine dans notre newsletter.